Les religions de la Chine
Comprendre les religions de la Chine, c’est d’abord comprendre que, dans la langue
chinoise traditionnelle, à l’instar de la majorité des langues asiatiques, il n’existe
pas d’équivalent au mot « religion ». Ce qu’on appelle « religion » est souvent
un simple synonyme de « culture ». Le terme jiao, qui signifie, dans son sens le
plus commun, un « enseignement », est utilisé pour désigner les grandes traditions
de la Chine. C’est pourquoi on a nommé ces traditions les « trois enseignements
» (sanjiao) : l’enseignement du dao (daojiao) ou taoïsme; l’enseignement du Bouddha
(fojiao) ou bouddhisme; et l’enseignement des lettrés (rujiao) ou confucianisme.
Il n’existe pas de récits de la genèse du monde partagé par tous les Chinois. Ils
conçoivent l’univers comme un immense organisme qui fonctionne par lui-même, sans
début ni fin. Comme il n’a pas été créé, il est donc inutile de réfléchir sur ses
origines. Les trois enseignements partagent cependant une conception du monde construite
autour du dao (ou tao), une notion volontairement imprécise et ineffable qui renvoie
au bon fonctionnement de toutes choses dans l’univers.
Dans le langage de tous les jours, le dao désigne un « chemin », ou une « voie »
de circulation. Dans son sens plus sociopolitique ou confucianiste, il peut désigner
une règle d’actions humaines, une doctrine, un principe, ou une conduite (individuelle,
filiale, sociale ou politique) adéquate. Les bouddhistes voient dans le dao la voie
ou l’enseignement à suivre pour atteindre le nirvâna. Les taoïstes utilisent dao
quand ils cherchent à se représenter le principe cosmique absolu ou la réalité absolue
qui ordonne l’univers. Le dao n’est toutefois pas une réalité qui serait à l’origine
de l’univers : c’est un nom fictif qui renvoie plutôt au fonctionnement du monde.
L’existence de tout ce qui existe ne découle pas d’une action créatrice. Les choses
ne sont pas créées, « elles sont », tout simplement.