Le Yin et le Yang
Dans la cosmogonie chinoise, le dao donne naissance au taiji, sa manifestation active
et concrète, mieux connu à travers le symbole binaire du yin et du yang. Contrairement
à la perception populaire véhiculée en Occident, ces deux pôles ne constituent pas
des éléments statiques qui s’opposent. Il s’agit plutôt d’une représentation d’un
principe d’alternance qui existe dans tous les phénomènes naturels et humains. Selon
les Chinois, le monde, même s’il n’est pas « créé », n’en est pas pour autant fixe
ou statique; il est en constant mouvement et évolue à travers une série de cycles
(le jour et la nuit, les saisons, les phases de la lune, les années, la naissance
et la mort, etc.). Le yin et le yang symbolisent ce mouvement perpétuel auquel est
soumis l’univers. De la même manière, le principe des cinq phases (wuxing) classifie
tous les phénomènes naturels et humains en cinq catégories. Il exprime le principe
perpétuel de génération et de destruction de toute chose à travers cinq formes fondamentales
: l’eau, le bois, le métal, la terre, et le feu.
Cette loi d’alternance et de génération et de destruction régit l’ensemble des activités
naturelles et humaines. Pour les humains, l’observance de cette loi d’ordonnancement
permet de maintenir une harmonie entre les trois composantes fondamentales de l’univers
: la Terre, le Ciel et l’être humain. Les composantes de cette « Grande Triade »
ne sont pas indépendantes l’une de l’autre, mais fonctionnent en harmonie. Le corps
humain est perçu comme un microcosme calqué sur le macrocosme que constitue l’univers.
L’harmonie du corps (caractérisée par la bonne santé mentale et physique) est garante
de l’harmonie sociale (de bonnes relations entre les individus), elle-même garante
de l’harmonie étatique (paix et ordre dans la société), elle-même garante de l’harmonie
universelle (l’harmonie de la Grande Triade).